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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 21:03

Dans le village de Basourdi, il ne se passe rien. « Il y a bien eu ce mystérieux chauffard qui est passé à l’orange l’année dernière » témoigne Susanne, « mais depuis, rien ». Le petit village de plus ou moins 64 habitants, selon la chaleur des étés, vit au rythme des saisons. 4 personnes seulement ne sont pas à la retraite : Michel Picon, patron du « Café du coin », Pelette Trouchard, serveuse du « Café du coin », et Paulin Grobigolles un marginal persuadé de pouvoir parler aux animaux, dont finalement personne ne connait grand chose.  

Gilbert Patouille termine le « quatuor actif ». Il possède quelques hectares de vignes. Ce dont il est le plus fier, c’est son tracteur, dédicacé sur la plage de bord par jean louis Schlesser, double vainqueur du Paris-Dakar. Gilbert est une vraie force de la nature. Il récolte lui-même le raisin, depuis près de 30 ans.

Sa petite perle ? Un vin rouge, légèrement moins que son nez, capable de changer de couleur quand il est exposé au soleil. Bien que les services sanitaires aient déjà refusé 31 demandes de mise sur le marché de sa petite production, Gilbert s’obstine. Gilbert est une vraie force de la nature. Ses méthodes ne sont certes pas les plus modernes, mais abstraction faite de la mort suspecte d’un voisin il y a 4 ans, rien n’a prouvé que son vin était dangereux. Gilbert survit donc en vendant à son entourage le fruit de son travail, et le travail de ses fruits. Indémodable habitué du café du coin, Gilbert commençait toujours par son désormais célèbre précepte : "Un jaune! Et pas un bridé!"

 

Sa maison n’est pas vraiment neuve, mais il a le téléphone. Cependant, il est bien rare de l’entendre sonner. Le matin du 15 mars 2006, c’est pourtant ce qu’il se produit. Gilbert entend bien ce drôle de bruit, mais n’ayant jamais entendu la sonnerie, il pense d’abord à Paulin. Ce dernier passe son temps à imiter les animaux et ses hurlements sont devenus courants. Après une réflexion mure, mais pas autant que son nez, et au moins 6 répétitions, Gilbert se dit qu’il était peu probable que Paulin puisse si bien imiter le Dring, d’autant qu’aucun animal ne semblait répondre à ce cri. Il décide de décrocher.

 

A l’autre bout du combiné, un jeune homme se présente. Il dit appartenir aux Services Sanitaires, ou plutôt, « les  SS ! » comme Gilbert les appelle. Ce n’est pas la première fois qu’il entre en contact avec eux, mais là, c’est différent. Il est 7h31, et c’est par téléphone. Or Gilbert ne prête que trop peu d’attention à ces détails. Son cerveau s’est arrêté sur ces mots « C’est fini Mr Patouille». Gilbert est passé du rouge au blanc. De peau, comme de verre. Il se sent mal. Au moins autant que lorsque Michel Picon avait organisé une soirée sans alcool. Lui qui n'a jamais pris de vacances, prend instantanément congé de son interlocuteur, et file au sous sol.

 

Oui, mais voila. L’interlocuteur en question n’est pas vraiment des services sanitaires. Il n’est peut être même pas vraiment fasciste. Super Turtle est animateur de radio. Son défi du matin était simplement de faire une petite farce à Gilbert. Dommage, car  Gilbert lui, on ne la lui fait pas. L’équipe de Super Turtle essaie de reprendre contact avec notre homme alors que ce dernier est déjà arrivé dans sa cave. Désormais, impossible de l’arrêter.

 

22 mars 2006.

 

La scène est confuse. Du pain, du vin, du boursin, et Gilbert. Voila tout ce que la cave contient. Tout le monde est sous le choc, à Basourdi. Personne n’en revient, à l‘image de pascal, musicien : «Gilbert gisait là, à coté du sol, sur le dos. Et Si  » Autour de lui, un expert dénombrera 91 bouteilles. Vides. Son stock personnel apprendra-t-on. Malgré tout le mystère reste entier.

 

Gilbert serait-il mort après avoir bu les 91 bouteilles, en un peu plus d’une semaine ? Ici, peu y croient. « C’était pas le genre de Patouille de se laisser battre par du raisin » ou encore « loin du record ».Tels sont les propos recueillis ça et la, mais surtout ici.

 

Du coté de Super turtle, la justice l’a condamné à ne plus pouvoir téléphoner aux agriculteurs dont les vignobles n’avaient pas reçu d’autorisation de commercialisation. La famille de Gilbert s’est dite soulagée de cette sanction, qui allait, pour sûr, régler bien des problèmes.

 

Gilbert est une vraie force de la nature : né dans les vignes, mort dans le raisin.

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